mercredi 6 avril 2016

A tes frais



Nous sommes en Haïti, un jour comme tous les autres... Dans un hôtel où dans un resto, tout se fait à tes frais. Tu paies pour un service standard.- C'est moi qui commande, donc je prends ce que je veux.- Oui, c'est ainsi.- Alors, pas de souci. Nous sommes toujours en Haïti, un jour pire que les autres. Oui, tu paies des taxes sur les cartes de recharge, le coût d'un appel téléphonique. Tu vois une partie de ton salaire prendre une direction opposée à ton compte bancaire, oui, encore des taxes que tu paies à l'État mais bref ! L’opposé ci-haut mentionné n'a rien d'innocent, croyez-moi ! Tous ces argents sont passés où ? Tu veux vraiment le savoir ? 

Nous sommes, malheureusement, toujours en Haïti, plus précisément à Port-au-Prince. Hier soir, il a plu, et on est chez soi, on pense déjà au calvaire de demain. Il y aura sûrement des embouteillages à Martissant, « depi lapli tonbe, labou a bay blokis », et oui, après avoir passé 45 minutes dans un bus pour se rendre dans ses activités routinières, plusieurs voitures de plaques officielles avec leur gyrophares défilent dans les rues, il faut bien « ouvrir » pour les laisser passer, « yo gentan ale lontan, yo kite w nan blokis ou, yo pa konn doulè w ». Comment est-ce possible? Tu paies pour ça, ils ont la belle vie, oui, et c'est à tes frais ! Tu vois des déchets dans les rues, tu respires leur odeur nauséabonde et eux, ils en sont exempts dans la voiture que nos taxes ont acheté pour eux. Ils ne voient rien et ne respirent pas ces odeurs... Oui, à tes frais ! 

Prétextant la superstition, ils changent des bureaux neufs après quelques semaines d'utilisation pour quelques jours de siège. Ils ont un poste de « député » où ils ne font pas grand-chose, ils veulent être et deviennent des secrétaires d'État, des ministres, et autres. Tout ça, oui, à tes frais ! Comme tu peux le constater, ton argent a beaucoup et peut beaucoup faire, ces personnes-là dépendent de toi, de moi, de nous ! Il faut bien continuer à payer des taxes pour des lycées, pour l'UEH et autres mais ces gens-là se foutent pas mal de ces choses-là ! La preuve, visite les entités de l'UEH et les lycées, tout suite après, fait un tour au Parlement et passe un peu chez ces gens pour voir leur confort ! Et oui, tout ça, à tes frais... Hélas ! 

2% du salaire mensuel ne représentent rien pour certains mais pour d'autres qui essaient de gagner durement leur vie et se voient en retard dans leur travail à cause des averses d'hier soir, qui voient des immondices partout dans les rues, qui voient l'insécurité grimper même les murs des commissariats et qui se disent alors que leurs abris ne sont pas à l'abri, qui voient des bandits armés braquer des clients des banques commerciales sortir récupérer la sueur de leur front...ces victimes se demandent où est passé l'argent des taxes qu’on les soutire au quotidien. On se questionne sur l'existence de l'État car l'état du pays s'aggrave. Hum, sa grav!!! 

Jean Marc Stiven DÉSIR

vendredi 25 mars 2016

Transition au vert


A bien des égards, le pays connaissait un stade de stagnation flagrante. L’économie, la politique, l’éducation etc. rien ne semblait en marche. Le panneau de notre développement, croirait-on, était bloqué au rouge. Couleur criminelle. Couleur du sang de nos ancêtres coulé pour ne signifier grand-chose. Couleur du sang d’étudiants, de journalistes, de professeurs, bref ! De professionnels coulés dans l’effort de favoriser l’émancipation d’une république libre, équitable et démocratique. A force que tous les chemins s’efforcent de mener à Rome ; la route qui mène à Haïti est devenue déserte. Toutes les théories, dans quel que soit le domaine, qui ont fait le bonheur des autres nations semblent être sans effets pour nous. Gandhi, Martin Luther King, Mandela ont tous laissé un héritage visible… Qu’en est-il de Dessalines ? Serait-ce le néant après Haïti ?

A tort l’on fait étudier à nos écoliers, jusqu’à nos jours, que Haïti est un pays agricole. Suis-je le seul à constater que rien ne pousse plus dans nos montagnes devenues de villes bidon ? Suis-je le seul à constater que le dernier quinquennat avait du mal à gérer nos différends avec la république voisine pour la simple et bonne raison que les ventres de nos concitoyens dépendent de ces sales amis ?
Non je suis loin d’être le seul… Anyen mwen pa ye ! Impossible d’avoir de telles présomptions. Mais je suis d’avis que notre inertie profite à bien d’autres.

Pendant les cinq dernières années, la soi-disant bourgeoisie nationale voyait la vie en rose. Aux dires de ma grand-mère, ils étaient comme des roches dans de l’eau. Si bien installés au point d’oublier qu’ils s’exposaient au lavalas en pataugeant dans la liquidité des dormeurs de serpents. Ces bourgeois étaient vraiment des blancs locaux selon la conception d’Acaau. Pourtant la masse en avait plus qu’assez de voir la vie en noire tant leurs poches étaient blanches.

Actuellement le prix du vert fait rage. Comme un pic-vert il perfore dans notre économie. Tout dans nos grands magasins et sur nos écrans s’affiche au prix vert. A nous de boiter le pas avec la montée en puissance du vert chez nous.

Que faire pour s’adapter au vert ?

Heureusement, le parlement a récemment jeté son dévolu sur Son Excellence Monsieur Privert. Le pays est donc en droit de connaitre une transition au vert.
De tout coeur, j’espère que cette transition au vert signifiera le redémarrage de notre économie, subséquemment de notre éducation. Un vert qui signifiera une vraie politique de reboisement de nos mornes. La verdure de nos plaines peut signifier un pas vers notre autarcie et nous permettra du coup de nous défaire de nos soi-disant voisins qui se prennent pour des gens bons.
Enfin, après tant d’année au rouge ; le pays mérite cette transition au vert. Plus d’un
pense que ce serait un accord conclut au prix vert. Qu’importe ! Pourvu que les panneaux de
notre développement s’affichent vert.

A tous ceux qui pensent que je suis trop optimiste vis-à-vis de cette transition au vert :
Rappelez-vous que le vert est la couleur de l’espoir. Et je vous le dis en vérité : Que la paix règne
sur Haïti !


Donaldson VELNY
Linguiste de formation
Donaldson.velny@hotmail.com